Chez CETIH, la culture Sécurité dope l’engagement collaborateur
Depuis 2023, Cetih, groupe industriel indépendant spécialisé dans la production de portes et fenêtres, s'est engagé dans une démarche Culture Santé Sécurité afin de diminuer le taux d'accidents et l'absentéisme. Deux ans après, les résultats dépassent le champ de l'accidentologie : la chute du taux de fréquence a boosté l'engagement des équipes, amélioré le climat social et augmenté la productivité. Il était temps de rendre visite aux équipes à Machecoul (44), où se situent le siège et l'usine historique du groupe, pour en vérifier les effets. Reportage.





Ce matin de juin, le ciel est vaporeux dans les rues de Machecoul. L'océan est à dix kilomètres à peine de cette petite ville qui, à elle seule, fait figure de bassin d'emplois en Loire-Atlantique. De l'île de Noirmoutier toute proche, on sent l'air humide et déjà presque chaud. Sur le site de production de Cetih, dans la zone d'activité au sud de la ville, le calme est à peine troublé par le souffle aigu du thermolaquage des portes d'entrée en aluminium que fabriquent les quelque 250 salariés du site.
C'est un bâtiment neuf et haut qui, sur 16 000 m², accueille le siège et l'activité industrielle. À l'intérieur, le rangement et la propreté sautent aux yeux : racks rutilants et alignés, allées dégagées, barrières jaunes délimitant les espaces... Au sol, une peinture trace le sens de circulation et les zones dédiées aux machines ou aux chariots élévateurs, dont les modes d'emploi sont clairement affichés. Pas une visseuse qui traîne sur un plan de travail dans cette usine qui réalise pourtant 100 % de sur-mesure pour ses clients.
Dans les allées s'active Cécile Delecrin, responsable d'équipe de production (ou leader) secteur ouvrant, c'est-à-dire l'assemblage des portes. "Si l'atelier est aussi propre et rangé, c'est le résultat de la démarche Culture Santé Sécurité, explique-t-elle tout sourire. C'est bien simple : en dix-neuf ans de maison, je n'ai jamais atteint un tel niveau, à en paraître déraisonnable aux yeux de mes amis, puisque je ne ponce plus sans lunette, et je ne souffle plus dans un gant qui pourrait être imprégné de résidus de produits. Mon regard sur la sécurité a changé !" Elle n'est pas la seule (voir témoignage) et c'est sûrement le secret de réussite d'une démarche qui, en moins d'un an, a fait passer le taux de fréquence (Le nombre d'accidents du travail avec arrêt rapporté au nombre d'heures travaillées) de 80 à 30, quand la moyenne du secteur oscille entre 30 et 40 : faire changer les regards et non l'imposer.


"Chacun porte une part de la performance, et donc de la sécurité du site"
"Cette démarche a bousculé ma vision de la sécurité au travail. Avant, je voyais la sécurité comme une responsabilité quasi exclusive de l'entreprise. Si un salarié se blessait, c'était à nous, direction, d'assumer. Point. C'était une vision que je croyais bienveillante. En réalité, elle était infantilisante. Avec Quaternaire, j'ai compris que chacun, à son niveau — opérateur, manager, directeur — porte une part de la performance, et donc de la sécurité du site. Ça change tout. Si nous voulions avancer, il fallait changer de cadre de pensée. Toutes les situations ne peuvent pas être balisées à l'avance. La sécurité, c'est aussi la capacité de chacun à prendre une minute pour réfléchir avant d'agir."
"Créer un électrochoc"
Pour comprendre comment ce changement en profondeur a eu lieu, il faut monter les étages. Dans son bureau, Anne-Claire Perin, DRH et SSE (Santé Sécurité Environnement), rappelle le déclencheur. "Un peu avant le Covid, l'accidentologie augmentait en fréquence, alors même que nous avions un parcours de formation dédié, des rituels, des équipements de protection individuels. La routine et le détachement nous guettaient ; nous avions besoin d'aide pour, d'une part faire le pas de côté nécessaire, et d'autre part voir comment faisait la concurrence."
Quaternaire accompagne Cetih dès la fin 2023. Le point de départ ? Un diagnostic mené avec les directeurs d'usine et les responsables SSE. Il met en lumière des leviers, mais aussi des angles morts. Très vite, Quaternaire propose aux équipes de chaque site une journée « chasse aux risques » : un chariot qui dépasse, un extincteur mal placé... tout est prétexte à aiguiser l'attention. "Il fallait provoquer un électrochoc", glisse Anne-Claire Perin.
Sur cette base, un plan d'action groupe est co-construit, listant les chantiers (techniques, organisationnels, humains) et reprenant les fondamentaux : règles d'or, langage commun, tableaux de suivi des indicateurs clés... Puis chaque site construit son propre plan d'actions, adapté à sa réalité terrain.
La montée en compétences est aussi au cœur de la démarche. Un programme de formation cible les managers de proximité de chaque site pour leur transmettre les bons réflexes, la posture juste. "C'est aux managers d'incarner l'exemplarité, d'ancrer les nouvelles pratiques. Sans exigence managériale, la sécurité ne tient pas", insiste la DRH. "La démarche proposée par Quaternaire est structurante et elle responsabilise vraiment l'encadrement de proximité", complète Julie Benedetti, responsable SSE groupe. "Les conclusions du diagnostic nous ont permis de travailler sur l'identification des piliers de notre système de management de la santé sécurité et d'élaborer des feuilles de route Groupe et locales."

Des rituels pour ancrer les bons réflexes

Une fois la dynamique lancée, chaque usine s'approprie la démarche à sa manière : en priorisant les chantiers, en identifiant des « victoires rapides » pour mobiliser les équipes et restaurer la confiance, et en mettant en place des rituels concrets. "À Machecoul, nous organisons « les Causeries », explique Guillaume de Basquiat, directeur de l'usine. Chaque semaine, en petits groupes, on consacre dix minutes à un thème sécurité. C'est court, simple, direct. Par exemple : « Se poser les bonnes questions avant d'agir »."
À cela s'ajoutent les tours terrains, moments clés de vigilance partagée : un binôme composé d'un leader et d'un opérateur inspecte un secteur pendant vingt minutes, à la recherche de signaux faibles ou de dysfonctionnements – un tapis usé, des sangles mal rangées, un extincteur mal positionné. "On en fait deux par jour, c'est un rythme ambitieux. Aujourd'hui, nous tenons 67 % de nos objectifs."
Et chaque mercredi, un tour spécifique SQE (Sécurité, Qualité, Environnement) embarque un membre du Codir, renforçant la légitimité de la démarche et son ancrage managérial. "Nous voulions que la démarche perdure après le départ de Quaternaire", rappelle Anne-Claire Perin. Pour en assurer le pilotage dans la durée, un comité de Pilotage Santé Sécurité rassemble les équipes de direction trois fois par an pour suivre les avancées et maintenir le cap.
Les résultats ne se sont pas fait attendre. "Nous sommes passés de vingt accidents avec arrêt en 2024 à 11 en 2025 sur le périmètre CDI CDD Intérim. Mais surtout, en remettant du sens dans les consignes, on a embarqué tout le monde. Et quand chacun veille à la sécurité, la qualité suit, et la production aussi." Le ciel est vaporeux à Machecoul, mais les idées sont claires et l'engagement bien ancré.

Les résultats pour le groupe CETIH
Ensemble des 6 usines et services supports | Périmètre CDI / CDD / Intérim
Taux de fréquence
cumulé 12 mois glissants à fin juin
Nombre d'accidents avec arrêt
cumulés 12 mois glissants à fin juin
2023
48,52
100
2025
28,54
51
Dès 2024, 6 sites sur 7 avaient un taux de fréquence des accidents du travail inférieur à 2023.
Cetih
- CETIH (Compagnie des équipements Techniques et Industriels pour l'Habitat) a été fondée en 1975
- Entreprise à mission depuis juillet 2021
- Implantations : 6 sites de production
- Marques commerciales : Bel'M, Zilten, CID, SWAO, Bignon, Bel'M Entrance Doors
- Effectif : 1300 collaborateurs dont 700 actionnaires
- 240 M€ de CA en 2024
Vous souhaitez démarrer un projet Culture Sécurité ?
Nos dernières actualités

Les relations qui font péter les plombs : 5 étapes pour gérer les conflits au travail
On dit que la violence ne résout rien. Pourtant, certaines relations nous donnent envie d'essayer… juste pour voir. Retour sur notre atelier haut en couleurs aux Victoires du Capital Humain 2025, animé par Delphine Aubert et Quentin Gautier !

Les 7 clés qui transforment l'écoute collaborateurs en engagement durable
Angélique David analyse la manière dont l’écoute collaborateurs, lorsqu’elle est authentique et pilotée par le management, devient un véritable moteur d’engagement et d’action dans les organisations.

Méthodologie : à Avignon, Agis revoit ses méthodes de management
Christophe Drone, Directeur du site Agis, partage dans Process Alimentaire la transformation engagée avec Quaternaire pour revisiter en profondeur les modes de management de l’usine, au service de la performance industrielle.
