Chez SCO, les équipes terrain prennent la main sur la performance industrielle
Un grain de sable n'est rien. Quand il s'accumule avec d'autres, il finit pourtant par essouffler la ligne de production et les hommes qui opèrent dessus. Un objectif clair s'impose pour la Société Charcutière de l'Odet : améliorer ses performances, en traitant les irritants au plus près et avec le terrain.
Qui connaît mieux l'usine, que ceux qui y travaillent au quotidien ? Sur la base de ce postulat, la Société Charcutière de l'Odet (SCO, plus connue à travers sa marque Monique Ranou) fait le choix, en 2018, de mobiliser l'expérience de ses collaborateurs et leur connaissance du site pour engager un certain nombre d'évolutions. "En 2015, SCO avait déjà mené un projet de transformation managériale, inscrivant les équipes dans une logique d'amélioration continue, précise Arnaud Pannecière, directeur du site basé près de Quimper. Il y a 2 ans, nous avons décidé de capitaliser sur ces premières avancées pour aller encore plus loin dans la dynamique." Il s'agit alors, pour la filiale Agromousquetaires, de regagner de la performance industrielle et de la qualité de vie au travail sur plusieurs lignes de production.
De la méthode et du participatif
La réponse, apportée à ces objectifs, tient en 3 lettres : PPL pour "Percée Performance de Lignes". Une méthode en prise directe avec le quotidien du terrain. "À la différence de démarches visant à transformer l'ensemble d'un site industriel, et mobilisant parfois des ressources colossales, la méthode PPL invite à mener des projets d'améliorations très ciblés au niveau d'une ligne ou d'un atelier", explique le directeur, qui souligne également le caractère participatif de la démarche. "Dans ce cadre, ce sont les salariés qui identifient eux-mêmes les problématiques et font remonter les dysfonctionnements rencontrés sur le terrain", ajoute Arnaud Pannecière.
Depuis 2018, plusieurs chantiers PPL sont déployés avec l'aide de l'équipe Quaternaire et leur méthode bien rodée. Chaque percée débute par l'immersion d'un consultant expert en performance industrielle, une journée complète, au plus près du terrain pour observer, mesurer, écouter, noter… Ce pré-diagnostic, qui prend le pouls de la situation, permet d'en établir un portrait fidèle. Sur un brown paper, où se trouve schématisée la ligne de production visée, sont alors annotés tous les points de questionnement (irritants, risques potentiels, anomalies récurrentes…) relevés pendant l'état des lieux. 4 critères majeurs sont retenus : sécurité, qualité, production et équipe.
Partager, prioriser et agir
Un précieux support pour la 2de étape. Un groupe de travail est constitué de collaborateurs terrain, représentant l'ensemble des métiers (maintenance, qualité, ordonnancement…) mobilisés sur la ligne. Sur 2 à 3 jours, ce groupe, piloté par un chef de projet, partage les problématiques, les liste puis les pondère selon leur degré de priorité. De ce travail collectif naît un plan d'actions, avec des résultats atteignables rapidement ou à moyen terme. L'idée étant d'avoir résolu, en 6 mois à un an, "100% des points priorisés par les salariés eux-mêmes". Si la méthode est rodée, l'intention aussi est claire pour tous : améliorer ensemble les conditions de travail et les performances industrielles du site breton.
Alors que l'entreprise déploie son cinquième projet PPL, les résultats sont là. La Société Charcutière de l'Odet enregistre un gain de 5% de TRS sur chaque ligne, soit 2 semaines et demie de production gagnées par an. En réduisant les pertes de temps, la démarche permet ainsi de réaliser la production selon le planning prévu, sans dépassements horaires pour les opérateurs. Conséquence : la qualité de vie au travail des équipes prend également des points.
Une dynamique "gagnant gagnant"
Selon Arnaud Pannecière, ce bien-être apporté participe à l'adhésion des salariés. "Nous sommes entrés dans une spirale vertueuse, où nos collaborateurs attendent avec impatience les prochains chantiers d'amélioration. Ils apprécient cette dynamique gagnant gagnant, qui améliore leurs conditions de travail et nos performances", observe-t-il, tout en saluant aussi l'appropriation de la méthode par ses équipes. "En 2018, Quaternaire animait la démarche de A à Z, puis ils nous ont transmis progressivement la méthode, conclut le directeur. Ce transfert de compétences était nécessaire pour ancrer ces performances dans la durée au sein de SCO."
Objectif : devenir autonome pour sans cesse s'améliorer
Freddy Perot, Animateur amélioration continue
"Sur les 5 chantiers PPL menés dans l'entreprise, nous en avons réalisé 2 par nous-mêmes. En nous appuyant sur les principes clés de cette méthode d'amélioration continue, que Quaternaire nous a inculquée, nous continuons à l'adapter selon nos besoins et les attentes terrain. Aujourd'hui, nous priorisons davantage les actions en fonction des contraintes rencontrées par les conducteurs de ligne et de maintenance. De même, nous nous concentrons sur les conditions de travail et la sécurité, notre premier critère avant la performance, qui en découle ensuite naturellement.
Impliqués et motivés, les salariés de SCO voient leurs problématiques prises en compte. ils sont reconnaissants pour les améliorations concrètes, au quotidien, que la méthode leur apporte. Et ce, d'autant plus qu'ils se trouvent eux-mêmes à l'origine des solutions trouvées."
Des gains de performance et bien-être au poste
Amélie le Lausque, Adjointe au Responsable conditionnement
"Prendre du recul, mieux comprendre les différents points de vue et les contraintes des autres métiers. C'est ce que nous permet notamment l'approche 'Percée Performances de lignes'. En 2018, en tant que pilote, j'ai contribué à la réflexion du groupe - douze personnes - travaillant à l'amélioration de la ligne de tranchage/conditionnement de jambon. Ensemble, durant deux jours, nous avons balayé toute la ligne en identifiant les dysfonctionnements et arrêts récurrents, puis nous avons bâti un plan d'actions communiqué à l'ensemble du service.
Chaque mardi ensuite, nous faisions le point sur l'évolution du TRS pour mesurer l'efficacité des actions mises en œuvre."
SCO - Monique Ranou
- Activité : Fabrication de produits charcutiers commercialisés principalement sous les marques Monique Ranou et Netto
- Création : 1910
- Effectif : 513 collaborateurs
- Chiffre d'affaires : 189 M€ en 2018
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