Tensions sociales : Quaternaire invitée de Happy Boulot sur BFM TV

Depuis deux ans, le secteur agroalimentaire fait face à une forte pression économique, qui met les nerfs des équipes à rude épreuve ! Céline Raffard, Associée en charge de l'agroalimentaire chez Quaternaire était l'invitée de Laure Closier dans l'émission 'Happy Boulot' sur BFM TV pour évoquer le sujet. Diagnostic terrain, analyse des principales causes de tension et solutions concrètes pour y faire face... Céline a pu détailler l'approche Quaternaire pour développer performance et bien-être des équipes.

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Laure Closier : quel est votre ressenti sur le secteur de l'agroalimentaire aujourd'hui ?

Céline : "La tension sociale, c'est quelque chose qu'on ressent dans notre quotidien, en particulier dans l'agro-alimentaire. Ce n'est pas quelque chose de nouveau ! On a, depuis plusieurs années, des difficultés à recruter et à fidéliser les collaborateurs. On a aussi des tensions sur les matières premières, qui créent beaucoup de pression dans les entreprises. Mais depuis 2 ans, il y a quand même un phénomène relativement inédit : le premier c'est que les gens osent se lancer dans de nouveaux projets professionnels, dans leur entreprise ou en dehors... Le deuxième c'est de la fatigue, de la tension, de la pression. Je n'ai jamais ressenti sur le terrain, à la fois autant de personnes engagées, impliquées et en même temps en forte pression, en malaise, ne sachant pas comment réagir."

L.C : ce sont des gens qui veulent trop bien faire, atteindre leurs objectifs, mais qui s'épuisent ?

Céline : "Ils s'épuisent en particulier car il y a un phénomène de turn-over et d'absentéisme de plus en plus important. Des collaborateurs prennent donc des risques pour eux et pour leurs équipes en termes de sécurité. Il y a un vrai sujet d'accidentologie dans les entreprises agroalimentaire aujourd'hui."

L.C : quelle est votre approche pour régler ces problématiques ?

Céline : "On travaille vraiment sur le terrain, c'est là où on est bien ! Je prends l'exemple d'une entreprise agroalimentaire chez qui nous sommes intervenus en 2018. Celle-ci connaissait un taux de croissance à deux chiffres, mais le Directeur général détectait des signaux faibles : accidents du travail, absentéisme... Nous lançons donc une enquête terrain, suivie de groupes de parole pour "mettre des mots sur les maux". Elle permet de faire ressortir un certain nombre de problématiques rencontrées au quotidien. Nous en avons tiré un plan de progrès sur trois axes : mise en place de rituels de communication, amélioration de la sécurité et des conditions de travail et mise en place de standards qui permettent de rendre le travail plus efficace."

L.C : quand vous remontez des problèmes à la direction, est-elle parfois surprise ?

Céline : "On a souvent des cadres qui nous confient "je le savais", et puis d'autres qui sont surpris par un aspect qu'ils n'avaient pas identifié. Dans tous les cas, cela permet de mettre des mots concrets sur ce qu'il se passe. Généralement, l'aspect qui surprend le plus c'est l'importance de la relation manager/managé, car nous mettons le doigt là où ça fait mal. Le management est pour nous un point clé. Il est d'autant plus nécessaire qu'il est parfois mis à mal quand les gens ne vont pas bien. Il a donc besoin d'être renforcé !"

L.C : les managers intermédiaires étaient sous le feu des critiques avant la crise. Pensez-vous qu'on leur porte un regain d'intérêt ?

Céline : "Oui, chacun s'est rendu compte à quel point les managers intermédiaires étaient importants. C'est l'un des maillons clés dans l'organisation. Chez Quaternaire nous sommes convaincus de leur rôle majeur pour développer performance et bien-être."

L.C : dans l'entreprise que vous citiez, combien de temps a duré le plan de progrès ?

Céline : "C'était un plan de 3 ans. La première année, nous avons mis en place des actions rapides pour obtenir des résultats. Et ça a porté ses fruits avec une augmentation de 25% de la motivation au travail et une baisse de 25% des accidents de travail en progression sur 3 ans. 3 ans, ça permet d'ancrer le changement ! C'est possible de faire plus court, mais dans ce cas il faut des relais internes dans l'entreprise pour poursuivre les actions et la démarche d'amélioration."

L.C. : quels sont vos interlocuteurs principaux dans les entreprises ? Les DRH ?

Céline : "Pour réussir un projet de transformation, c'est indispensable d'avoir une Direction générale convaincue et impliquée. Les DRH sont de bonne volonté, mais n'ont pas toutes les manettes pour faire bouger l'entreprise. Ils disposent de la formation, qui est un bon levier. Nous proposons d'autres modes d'intervention, par exemple de l'accompagnement individuel sur le terrain. Dans l'un de nos derniers projets de transformation managériale, nous sommes intervenus auprès de toutes les fonctions en collectif et en individuel. Ça permet d'ancrer auprès des collaborateurs et managers, de vraiment changer leurs pratiques au quotidien et de gagner en aisance."

L.C : êtes-vous allé parfois jusqu'à conseiller des départs ?

Céline : "Ca peut évidemment arriver. Sur un ensemble de collaborateurs, on a souvent 90% de personnes qui vont pouvoir évoluer, 10% qui ne vont pas pouvoir évoluer. Ce n'est pas forcément nous qui préconisons le départ. Bien souvent la personne prends conscience elle-même qu'elle n'est pas bien dans son poste. C'est rendre service à la fois à l'entreprise et au collaborateur de déclencher cette prise de conscience. Notamment pour des managers qui sont arrivé là par accident et qui n'ont ni les compétences, ni l'appétence pour le poste."

Pour agir sur les tensions sociales avant qu'il ne soit trop tard, un ensemble de leviers à activer donc : sécurité, conditions de travail, relations manager/managé, communication, standards au poste de travail... Et pour bien les identifier, une approche pragmatique reposant sur de l'immersion terrain et l'écoute de 100% des collaborateurs, avec une conviction forte au cœur de notre approche : le management intermédiaire est l'une des clés pour améliorer performance et bien-être !